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Légende de la Sarine

Saint-Pierre de Treyvaux

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Les maisons de cet antique village entouraient une église construite sous le règne de Charlemagne, dit la tradition, à la fin du IXème siècle.

Ce sanctuaire fut comme maintes églises du pays, consacré au bon saint Pierre ; et le village ne s’appelait pas simplement Treyvaux, mais Saint-Pierre-de-Treyvaux.

Voici ce qu’on raconte : Il y a très longtemps, au commencement du XIVème siècle, un fléau, venu d’Orient, s’abattit sur l’Europe : c’était “la mort noire”, la sinistre peste ! ... La terrible épidémie ne ménagea personne.

Un seul et dernier moyen d’échapper restait aux survivants : abandonner les villages et vivre isolés dans les bois.

Seul, le curé était demeuré dans son presbytère. Quand sa paroisse fut complètement délivrée de la peste, le bon vieux prêtre exhorta ses paroissiens à rebâtir leurs anciennes demeures. Mais personne ne voulut revenir ; on trouvait le nouveau village plus agréable. Il leur semblait aussi que leur nouveau séjour, situé dans une combe à la rencontre de trois vallons, méritait mieux que l’ancien le nom de Treyvaux ou des Trois-Vallées( en latin : Teres Valles).

Pour décider leur curé à les rejoindre, ils lui promirent de remplacer la chapelle construite dans la forêt par une belle et grande église.

On alla donc chercher en grande pompe les deux objets consacrés pour les placer avec soin dans leur nouveau sanctuaire. Or, quelle ne fut pas, le lendemain, la stupeur du pasteur et de ses paroissiens en constatant que la statue de saint Pierre avait disparu ! Tout le monde se mit à sa recherche. On finit par la retrouver : saint Pierre avait repris sa place dans son ancienne église.

Ne serait-ce pas plutôt le lieu que nous avons choisi qui ne lui agrée point ?

Après avoir écouté et recueilli quantité d’avis et en avoir longuement délibéré, les Treyvaliens s’arrêtèrent à cette solution : “Saint-Pierre désigna lui-même la place de l’église par le biais d’un âne” Eh ! Oui, tout simplement d’un âne !

Il semblait qu’une main invisible et mystérieuse le guidât. Il marchait d’un pas égal et mesuré et devant lui, arbres et broussailles s’écartaient.

Enfin, arrivé dans un lieu couvert de mousses et de fougères et appelé : “En Frontin*, l’âne s’arrêta, s’inclina et, ployant les jambes de devant, s’agenouilla. Alors, tout le monde comprit que c’était là que saint Pierre voulait voir son sanctuaire.

Est-ce en souvenir de ce prodige que les très vaillants habitants de ce beau village ont été surnommés les ânes pas des voisins malicieux ou jaloux ? C’est très possible ; et c’est aussi la raison pour laquelle ils ne s’offensent point de ce sobriquet, mais s’en montrent plutôt fiers.

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